Analyse de la dotation territoriale en patrimoine et musées

Une cartographie inédite des territoires français les moins pourvus en patrimoines culturels. Découvrez comment patrimoine, musées et monuments historiques se répartissent sur le territoire national.

Découvrir l'étude
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Introduction

La France est reconnue mondialement pour son patrimoine culturel exceptionnel. Châteaux, musées, monuments historiques et sites archéologiques jalonnent son territoire, témoignant de siècles d'histoire et de création artistique. Cette richesse patrimoniale constitue un atout majeur pour l'attractivité et l'identité du pays.

Cependant, derrière cette image d'abondance culturelle se cache une réalité plus contrastée. Tous les territoires français bénéficient-ils équitablement de cette richesse patrimoniale ? Les habitants des zones rurales ont-ils le même accès à la culture que ceux des grandes métropoles ?

Notre étude révèle les inégalités territoriales en matière d'accès au patrimoine culturel et met en lumière l'existence de véritables "zones blanches culturelles" sur le territoire français.

À travers l'analyse de données nationales et une étude de cas approfondie du département du Doubs, nous explorons la répartition géographique des lieux culturels et patrimoniaux. Cette recherche vise à éclairer les décideurs publics sur les déséquilibres territoriaux et à proposer des pistes pour un aménagement culturel plus équitable.

Analyser

Quantifier la répartition des lieux culturels sur le territoire français

Cartographier

Visualiser les zones de concentration et les déserts culturels

Comparer

Identifier les écarts entre territoires favorisés et défavorisés

Évaluer

Mesurer l'accessibilité culturelle par habitant

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Le diagnostic national : où se concentre le patrimoine ?

Densité patrimoniale par EPCI dans le Doubs

Répartition du patrimoine culturel par département

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Analyse

L’observation de la carte révèle d’importantes inégalités dans la répartition du patrimoine. La Nouvelle-Aquitaine et l’Auvergne-Rhône-Alpes s’imposent largement, avec un patrimoine diffus et bien réparti entre plusieurs départements, comme la Gironde ou la Dordogne. Ces vastes régions bénéficient d’une diversité historique et géographique qui explique leur domination.

L’Île-de-France, quant à elle, illustre un phénomène de concentration extrême. Sa richesse patrimoniale dépend presque exclusivement de Paris, qui réunit à elle seule plus de deux mille lieux recensés. Sans la capitale, le volume régional s’effondrerait, prouvant que la centralisation reste marquée.

Enfin, certaines régions comme les Pays de la Loire ou le Centre-Val de Loire apparaissent en retrait. Leur position en bas du classement révèle une fracture nette entre les régions du Sud, de l’Est et celles du cœur du pays, où le patrimoine est moins dense et plus dispersé.

Le poids des régions "oubliées"

Analyse des régions les moins dotées

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Analyse

Le donut chart vient étayer le diagnostic initial de la carte nationale, mais cette fois-ci, il quantifie la faiblesse des régions les moins bien dotées en patrimoine. En isolant le Top 5 des régions les moins fournies (comme la Normandie, les Pays de la Loire et le Centre-Val de Loire), on constate que ce groupe représente ensemble une proportion très modeste du volume total de patrimoine national. Ce chiffre est la preuve que le déficit n'est pas qu'une nuance visuelle ; c'est une réalité de volume qui signale que le patrimoine français est fortement concentré dans les régions de tête.

Le classement des régions les moins dotées confirme une fracture Ouest/Nord. Les Pays de la Loire et le Centre-Val de Loire, régions qui ressortaient déjà peu sur la carte, forment le bas de ce classement. Ce constat géographique est essentiel : il montre que, contrairement aux régions de l'Est ou du Sud, cet axe du pays est le plus éloigné de la richesse patrimoniale.

Cette analyse par quantification démontre qu'une rupture de continuité patrimoniale est en place. Alors que les départements montrent une richesse diffusée dans les régions leaders, les régions adjacentes comme la Normandie ou le Centre-Val de Loire ne bénéficient pas d'un "effet de contagion" de cette richesse. L'enjeu de ce graphique est de bien établir le faible poids de ces territoires avant d'introduire la métrique cruciale du ratio par habitant, qui jugera de l'accès réel à cette offre.

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Le zoom sur le Doubs : révélation de l'inégalité d'accès

Étude de cas : l'inégalité au cœur du Doubs

Ratio de lieux patrimoniaux par EPCI dans le Doubs

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Analyse

La carte du Doubs met en évidence un fort déséquilibre dans la répartition du patrimoine. Le Grand Besançon Métropole apparaît comme la seule zone vraiment dense, avec près de 4,8 lieux pour 10 000 habitants. C’est le seul territoire du département où l’accès au patrimoine peut être considéré comme confortable.

Seuls deux autres pôles, Montbéliard et Loue-Lison, dépassent légèrement le seuil d’un lieu pour 10 000 habitants, ce qui reste très en dessous du niveau observé à Besançon.

Dans le reste du département, la situation est bien plus contrastée. La majorité des intercommunalités rurales apparaissent en teinte claire sur la carte, avec un ratio inférieur à 0,5 lieu pour 10 000 habitants. L’offre patrimoniale y est très dispersée, comme le montrent les points rouges isolés. Cela confirme que, dans ces zones périphériques, l’accès à la culture et au patrimoine reste un véritable privilège géographique.

La hiérarchie de l'inégalité : qui est vraiment sous-doté ?

Analyse

Le graphique met clairement en évidence les inégalités entre les intercommunalités du Doubs. Besançon se distingue nettement dans le coin supérieur droit : c’est le seul territoire qui combine à la fois un grand nombre de lieux et une forte densité d’offre.

À l’inverse, la majorité des autres intercommunalités se regroupent dans le coin inférieur gauche du graphique, avec très peu de lieux et un ratio d’accès faible. Cette concentration illustre la faiblesse structurelle du patrimoine sur une grande partie du territoire.

La médiane du Doubs, fixée à seulement 2.5 lieu pour 10 000 habitants, souligne encore ce déséquilibre. Cela signifie que la moitié des intercommunalités ont un niveau de patrimoine égal ou inférieur à ce seuil, confirmant que le manque d’accès au patrimoine est la norme plutôt que l’exception.

Analyse des EPCI du Doubs : Ratio vs Nombre de Lieux

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L'origine du manque : la qualité de l'offre

Classement des intercommunalités

Classement des EPCI du Doubs

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Analyse

Le bar chart met en évidence une hiérarchie très stable dans le Doubs. Quel que soit le critère utilisé — le volume total ou le ratio par habitant — les trois premiers territoires restent les mêmes. Grand Besançon Métropole domine largement avec 262 lieux recensés et le meilleur accès au patrimoine, soit environ 24.7 lieux pour 10 000 habitants. Son poids patrimonial reste donc important, même lorsque l’on prend en compte sa forte population.

En bas de classement, la situation est bien différente. Les intercommunalités rurales, comme les Portes du Haut-Doubs, Frasne ou Entre Doubs et Loue, n’abritent que quelques lieux — entre trois et huit — avec des ratios proches de zéro, souvent autour de 1 pour 10 000 habitants. Cette faiblesse traduit une répartition à trois vitesses : un pôle dominant à Besançon, deux centres secondaires, et une large majorité de territoires où l’accès au patrimoine reste extrêmement limité.

Que reste-t-il hors des métropoles ?

Analyse

Le graphique met en évidence la nature qualitative du manque de patrimoine dans le Doubs. La quasi-totalité de l’offre repose sur les monuments historiques, qui constituent le principal moteur du patrimoine départemental. Besançon en concentre à elle seule 246, ce qui la place très largement en tête, tandis que les intercommunalités rurales ne comptent que quelques monuments, souvent isolés.

La diversité du patrimoine se concentre exclusivement dans les grands pôles urbains. Seuls Besançon et Montbéliard disposent d’un accès réel à plusieurs types d’équipements, notamment des musées et des archives. Ailleurs, cette variété disparaît presque totalement.

Pour la majorité des intercommunalités, les catégories comme les archives et les musées restent vides. Leur offre culturelle se limite donc à une seule forme de patrimoine, principalement les monuments, ce qui traduit un manque évident d’infrastructures culturelles diversifiées sur la plus grande partie du territoire.

Répartition des types de patrimoine par EPCI dans le Doubs

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Conclusion

Cette étude a démontré que le patrimoine en France est un bien inégalement distribué, tant en volume qu'en accès. Le département du Doubs illustre parfaitement cette réalité : il existe une fracture d'accès dramatique entre le Grand Besançon Métropole et le reste du territoire.

La dotation en patrimoine n'est pas seulement faible en zone rurale, elle est structurellement et qualitativement limitée. La majorité des habitants du Doubs vit dans des intercommunalités où l'offre culturelle est réduite à quelques monuments, ne leur offrant pas le même éventail de choix que les résidents des pôles urbains.

Garantir l'accès à la culture pour tous passe par un rééquilibrage de l'offre diversifiée au-delà des grandes métropoles.

4,8
lieux pour 10 000 hab. à Besançon
vs 0,32 médiane départementale
75%
des intercommunalités
sous la médiane d'accès
262
lieux patrimoniaux
concentrés à Besançon seul

Pour aller plus loin

Explorez l'analyse complète des données et la méthodologie utilisée dans notre notebook interactif.